Boulimie, anorexie, tabac, comportements compulsifs, jeux d’argent, travail… Les dépendances sont aujourd’hui de plus en plus fréquentes et diverses. Mais derrière toute dépendance liée à un produit ou à un comportement, il y a une souffrance physique et émotionnelle. Comment s’en libérer ? Telle est la question !
Publié le 2 octobre 2014
Des addictions plus ou moins graves
Avant de parler de dépendances, il s’agit de distinguer les différents niveaux de celles-ci :
l’usage exceptionnel et récréatif, comme boire un verre de temps en temps ;
la prise abusive, comme le paquet de cigarettes quotidien, l’alcool mondain… ;
la dépendance à une substance qui envahit toute la vie de la personne jusqu’à la détruire (perte de contrôle de la consommation).
Dans ce dernier cas, il va de soi qu’une prise en charge spécialisée est nécessaire. Par ailleurs, si les addictions comportementales (anorexie, boulimie, jeux d’argent, cyberdépendance…), semblent moins graves que les addictions classiques (tabac, drogue, alcool), elles ne sont pas sans conséquence pour l’organisme et pour la vie de l’individu. Leur considération, de même que leur prise en charge est essentielle.
Nos angoisses, nos peurs sont les sources de nos dépendances
Que l’addiction soit liée à des substances (drogues, alcool) ou à des comportements (jeu pathologique, achats compulsifs, sports extrêmes, alimentation,…), elle provoque systématiquement une modification des secrétions hormonales dans le cerveau. Très souvent, la personne souffrant d’une dépendance, même légère, aura du mal à gérer ses émotions. En cas de stress, de peur ou de crise émotionnelle, cette personne va chercher coûte que coûte un dérivatif à son angoisse : une cigarette, une sucrerie, un verre, un achat de chaussures… L’arrivée du “plaisir”, son effet positif ou relaxant, va la libérer momentanément de sa frustration ou de son mal être. Cependant, cette recherche d’une émotion positive, répétée jour après jour, va au fil du temps renforcer les schémas neuronaux et pousser cette personne à y avoir recours pour des raisons de plus en plus anodines… jusqu’à ne plus en avoir du tout !
Faire le premier pas vers la libération
Les habitudes que nous créons pour anesthésier la douleur existentielle par l’alcool, le sexe, les comportements compulsifs, la nourriture ou le travail sont fondamentales dans le sens où elles ont pour intention de réduire nos souffrances et de donner plus de sens à notre vie, plus d’énergie, plus d’empathie… Simplement, le soulagement procurée par certaines substances (alcool, cigarette, marijuana…) ou comportements (cyberdépendance, jeux d’argent…) n’est qu’un pauvre substitut momentané !
Reconnaître que notre cause est noble mais que nos moyens sont inadaptés est le premier pas.
Reconnaître que, derrière ce comportement, se cache un mal être, une insatisfaction profonde est la deuxième étape.
Reste qu’il est difficile d’avoir cette lucidité en pleine crise émotionnelle ou de stress puisqu’à cet instant notre cerveau se concentre sur la crise et emploie d’office le scénario déjà usité : “Vite un café !“.Il est donc important de prendre du recul sur ses comportements compulsifs hors des crises.
Un engagement à prendre d’abord envers soi…
Aujourd’hui, les dépendances – sans parler de la toxicomanie – sont de plus en plus fréquentes. Elles sont aussi multiples qu’il existe d’individus. L’un sera accro à la chirurgie esthétique, l’autre aux jeux vidéos, au jogging… Toute pratique à l’excès signe une dépendance, tout scénario répété inlassablement aussi. Cela dit, quelle que soit la dépendance, le mécanisme reste le même pour y entrer comme pour en sortir.
Afin d’obtenir un changement durable, il est très souvent nécessaire d’être accompagné ou de faire partie d’un groupe d’entraide. Mais le résultat sera d’autant plus probant si la personne dépendante :
prend l’engagement de se transformer ;
prend la résolution d’affronter la dure réalité du présent ;
se donne un objectif clair à atteindre.
L’engagement de ne plus vouloir succomber à sa dépendance ne peut venir que de la personne seule. Le chemin pour en sortir peut être long… Et très souvent, une dépendance en chasse une autre…
… Puis être entouré et soutenu !
Très souvent la personne dépendante a honte de sa “faiblesse”, de son manque de volonté et les personnes témoins de sa détresse ne savent pas comment aborder le sujet. L’entourage se retrouve généralement démuni face à ce type de comportements.
Mais il est important d’agir dès l’apparition de symptômes qui dénotent le mal être : perte de sommeil, perte d’appétit, irritabilité de l’humeur, stress, anxiété, agressivité, mensonges répétés, mauvaises notes scolaires…
Comment ? Toujours par une approche qui privilégie la communication, l’ouverture… Evitez les reproches et surtout les phrases du style, “Avec un peu de volonté… ! Moi, à ta place…” ! Soutenir la personne est primordiale. L’accompagner dans ses démarches, lui conseiller une prise en charge médicale, psychologique… Et surtout lui procurer un havre de paix, un environnement où la personne se sente en sécurité, appréciée.
Se libérer, côté pratique…
Pour se libérer de ses dépendances, il n’existe pas de pilules miracles. En revanche, hors des prises en charge médicalisées, de très nombreuses solutions sont disponibles.
A vous de trouver celle qui vous convient :
la prise en charge psychologique, la méditation, l’intégration à un groupe d’entraide peuvent permettre d’identifier à quoi servent nos habitudes néfastes, quel intérêt elles nous apportent et quel mal elles nous font ! Elles seront aussi source d’idées pour identifier les déclencheurs et ainsi, parer aux rechutes.
une activité sportive, culturelle, pour apprendre à faire face à ses angoisses et à son stress en toute quiétude !
une vie équilibrée (sommeil-alimentation) pour limiter les périodes de stress intenses.
J’arrête de fumer !
Malgré tous les articles sur les constituants néfastes du tabac – goudron, nicotine, monoxyde de carbone… -, malgré tous les risques – cancer du poumon, de la vessie, du col de l’utérus, la BPCO -, malgré tous les effets secondaires de la dépendance au tabac – nervosité, anxiété, troubles du sommeil, humeur dépressive, augmentation de l’appétit, etc. – malgré tout cela, le tabac reste le plus fort et continue de tuer 60 000 personnes par an en France auxquelles il faut ajouter les 6 000 personnes tuées par le tabagisme passif (chiffres du ministère de la Santé).
La preuve est là : l’addiction est plus forte que la volonté ! Ce qui ne signifie pas qu’arrêter est impossible. Mais mieux vaut faire le point avant sur sa relation au tabac.
Et la cigarette électronique ?
La toxicité de la cigarette électronique suscite encore de nombreuses interrogations auxquelles les experts de l’Organisation Mondiale de la Santé apportent quelques réponses :
Est-ce de la simple vapeur d’eau ? Non, répond l’OMS qui préfère mettre en garde “enfants, adolescents, femmes enceintes et femmes en âge de procréer contre l’utilisation d’inhalateurs électroniques de nicotine parce que l’exposition du fœtus et de l’adolescent à cette substance a des conséquences à long terme sur le développement du cerveau“. En dernier ressort, L’OMS recommande l’interdiction de la cigarette électronique aux mineurs, ainsi que dans les lieux publics.
Est-ce moins toxique que les cigarettes ? Réponse de l’OMS : “Oui, mais on ignore actuellement l’importance de la réduction des risques.”
Par ailleurs, deux éminents chercheurs en neurosciences, Denise Kandel et son époux Eric, Prix Nobel de médecine (2000), se posent ici la question à savoir si la cigarette électronique ne serait pas une passerelle vers d’autres drogues (cannabis et cocaïne).