Souvent perçue à tort comme une fatalité, la ménopause est une nouvelle étape dans la vie d’une femme. Chacune d’entre elle va la vivre à son image et les traitements à prescrire seront à adapter. Explications sur cette étape cruciale par un gynécologue.
Publié le 2 décembre 2014
Que se passe-t-il au moment de la ménopause ?
C’est le moment de la pause du fonctionnement cyclique des ovaires. Durant des années, ils ont obéi (plus ou moins) sagement aux sollicitations de l’hypophyse transmises par deux transmetteurs hormonaux : les œstrogènes et la progestérone. Là, ils décident de faire la pause ! Les impulsions cycliques n’existent plus et les règles disparaissent.
Cette transition n’est pas aussi simple et brutale, chaque femme va la vivre différemment… et à son image. L’une va voir ses règles s’arrêter brutalement sans signes préalables ; l’autre va traverser des “tempêtes hémorragiques“ (règles surabondantes) ou des “ouragans psychologiques“ (fortes altérations d’humeurs), une autre va la vivre dans la plus parfaite sérénité… Après deux années sans règles, la ménopause est officiellement déclarée. Si la femme ne peut plus être fécondée, elle n’en a pas perdu sa féminité pour autant. Peut-être est-ce même une nouvelle ère de féminité qui s’ouvre à elle, libérée des diktats des cycles hormonaux ??
Quand cela se produit-il ?
Généralement autour de 50 ans avec de larges variations. Certaines femmes sont ménopausées à 20 ans (cela est très rare) et d’autres après 60 ans. Dans tous les cas, le passage est irréversible.
Quels sont les premiers symptômes ?
De façon inattendue, le premier symptôme est une prise de poids inopinée alors que la patiente n’a généralement pas changé ses habitudes alimentaires.
Le deuxième sont les bouffées de chaleur qui surviennent la nuit et peuvent occasionner des cohabitations difficiles. Les bouffées de chaleur diurnes ne sont pas un effet de la ménopause, elles sont plus probablement dues à des stimuli nerveux intempestifs (suite à des fortes émotions, des efforts ?).
Le troisième sont les perturbations du cycle hormonal : des cycles qui s’allongent ou se raccourcissent, des règles aux abondances très variables, une ponctualité qui laisse à désirer (les règles se font attendre ou débarquent en avance…) et parallèlement, une grande variabilité des humeurs et une fatigabilité accrue.
En dernier lieu, surviendront les troubles trophiques de la peau et des muqueuses nommés sécheresse.
Quels sont les traitements adéquats ?
Encore une fois, il existe autant de styles de ménopauses que de femmes. Pour les traitements, il en va de même. Le traitement hormonal de la ménopause (THM) est le seul traitement efficace sur l’ensemble des symptômes :
- suppression des symptômes de la ménopause (bouffées de chaleur, sécheresse de la peau, irritabilité…),
- prévention de l’ostéoporose,
- diminution du risque cardiovasculaire.
Suspecté d’augmenter les cancers du sein, le THM a été fortement controversé suite à l’étude américaine WHI (Women’s Health Initiative study) parue en 2002. Il y a lieu de dédramatiser la polémique levée à son encontre. Sauf deux contre-indications absolues – en cas d’antécédents cardiovasculaires ou de cancer du sein -, le THM ou THS (traitement hormonal substitutif) est beaucoup moins nocif qu’annoncé à condition que les gynécologues délivrent la dose la plus basse nécessaire et limitent sa durée d’utilisation.
Après 65 ans, ce traitement devrait être interrompu d’autant plus que certains désagréments dus à la ménopause (bouffées de chaleur, irritabilité…) disparaissent d’eux-mêmes.
Comment fonctionne ce traitement ?
Le THM est là pour “leurrer“ l’organisme et lui faire croire que rien n’a changé. C’est ainsi que nombre d’effets négatifs de la ménopause disparaissent – bouffées de chaleur, excès de fatigue, sécheresse de la peau – et libèrent la patiente qui peut reprendre une vie normale.
Quand commencer à prendre ce traitement ?
Déjà il n’est pas question d’imposer ce traitement à la patiente. C’est au cours d’une consultation gynécologique et après information qu’elle va décider d’y adhérer ou non. Généralement, il n’y a pas d’urgence.
Cependant en cas de prise de traitement, les consultations de suivi sont vivement recommandées (deux fois par an) : elles permettent d’adapter le traitement et d’optimiser son efficacité sur la durée.
C’est aussi l’occasion de réaliser régulièrement les examens de dépistage (frottis, mammographies). N’oublions pas que la femme arrive à une période de sa vie où apparaissent les cancers les plus redoutés (cancer du sein, de l’utérus, des ovaires).
Existe-t-il d’autres traitements ?
Il existe d’autres traitements mais dont l’efficacité ne sera pas aussi globale.
L’homéopathie peut jouer un rôle même si son efficacité reste limitée dans le temps. Il en va de même pour les nutriments (tels que pollens) sachant que certains sont déconseillés aux femmes ayant eu un cancer.
Par ailleurs, la silhouette de la femme souvent se modifie, son corps change et son comportement alimentaire doit s’adapter à cette nouvelle étape. Il est temps de “s’entretenir“, de prendre soin de ce que l’on mange, en quantité et qualité, de faire régulièrement de l’exercice, de limiter évidemment le tabac et l’alcool.
Comment bien vivre sa ménopause ?
Il s’agit de considérer cette étape comme le début de nouvelles choses à venir. Dépasser cette peur de l’inconnu, gommer cet inconscient collectif qui déclare qu’une femme ménopausée (ou inféconde) n’a plus d’avenir… et s’ouvrir à cette nouvelle vie qui commence, à de nouvelles découvertes. Evidemment, cette attitude positive peut-être perturbée par les changements d’humeur. Rien n’empêche de faire du yoga, de la relaxation, sophrologie, acupuncture… et même hypnose et thérapie cognitive comportementale pour franchir cette phase au meilleur de sa forme.