EDITO – Le 8 mars marque la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. L’occasion pour Oxance, la MFAS et Solimut Mutuelle de France de réaffirmer leur engagement pour le combat des femmes à décider librement de leur sexualité et de leur santé : Faire de la santé un droit pour toutes les femmes.
Publié le 18 février 2022
Suite de l’édito
Faire de la santé un droit pour toutes les femmes
Lutter contre les inégalités sociales en matière de santé est, aujourd’hui, un enjeu majeur. Au sein de celles-ci, les inégalités entre les femmes et les hommes dans l’accès aux soins et la prise en charge médicale constituent un sujet longtemps ignoré. Si les femmes vivent plus longtemps que les hommes, elles ne sont pas épargnées par les grands défis de santé publique auxquels fait face notre société. Elles doivent également relever des défis spécifiques : faire face à des maladies mal prises en considération, ou encore accéder à l’IVG…
Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner
Le poids des représentations sociales est un facteur majeur d’inégalités entre les sexes dans l’accès aux soins et la prise en charge médicale. Les stéréotypes de sexe influencent les pratiques médicales, la recherche, l’enseignement et le comportement des patient.e.s. Sur le plan médical, parce que les règles sont longtemps restées un tabou, la prise en charge des pathologies comme l’endométriose ont longtemps été ignorées. L’endométriose est aujourd’hui diagnostiquée tardivement en raison d’une faible connaissance des professionnels de santé de cette maladie. L’absence de reconnaissance de la souffrance constitue une difficulté supplémentaire pour les femmes atteintes d’endométriose.
C’est pourquoi Oxance, la MFAS et Solimut Mutuelle de France souhaitent vous informer sur ces pathologies mal prises en compte
Faire du droit à l’IVG une réalité
Le droit à disposer de son corps est un droit fondamental des femmes. Droit conquis par la lutte des femmes, l’avortement a permis ces dernières de choisir d’avoir ou non des enfants et de vivre une sexualité épanouie. Et pourtant, ces dernières années, en Pologne, aux États-Unis, au Brésil notamment, des mouvements anti-avortement, cherchent à restreindre encore l’accès à l’IVG. En France, l’accès à l’avortement est devenu plus difficile dans certains territoires. Si l’on veut garantir un droit réel et égal à celles qui doivent être protégées, l’allongement des délais de 12 à 14 semaines pourrait le faciliter.
Oxance, la MFSA et Solimut luttent aux cotés des femmes pour défendre ce droit fragile qui est sans cesse remis en cause.
Oxance développe une offre de proximité pour favoriser l’accès à l’IVG. Retrouvez les informations ici
Inégalités de santé entre les hommes et les femmes, un enjeu et un impératif de santé publique
La question des inégalités de sexe et de genre est bien souvent abordée dans le cadre du travail avec les inégalités d’accès à l’emploi, les inégalités de salaire ou bien encore la pénibilité et l’inadaptabilité des tâches à réaliser. Pourtant ces différences, ne s’arrêtent pas uniquement au champ professionnel, elles s’exercent aussi dans le champ de la santé et de la prise en charge médicale. A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Solimut Mutuelle de France se penche sur le sujet des inégalités de santé entre les hommes et les femmes.
Biais de genres et représentations sociales : des freins à la recherche, à la prise en charge médicale et à l’accès à la santé
Depuis un peu plus d’une vingtaine d’années, la recherche médicale internationale a intégré la question du genre dans l’ensemble des thématiques et des pratiques de recherche. Cependant, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, les stéréotypes et les représentations sociales associées au genre féminin ou masculin sont enracinées dans notre société et n’épargnent pas le champ de la médecine et du soin.
Ces biais de genre influencent les pratiques médicales, la recherche, l’enseignement et le comportement des patient.e.s. Par exemple, il a été démontré que 47% des infirmier(e)s ont tendance à sous-estimer l’intensité de la douleur chez les femmes, réduisant ainsi leurs chances de recevoir le bon traitement et/ou la bonne prise en charge comparativement aux hommes. De plus, les maladies cardiovasculaires sont les premières causes de mortalités des femmes en Europe et dans les pays industrialisés. Pourtant, elles sont perçues comme des pathologies touchant principalement les hommes. Autre illustration, la majorité des connaissances médicales ont été élaborées à partir de l’étude et de l’observation des maladies et de leurs conséquences chez les hommes, laissant ainsi de côté des maladies propres aux femmes comme l’endométriose.
Il faudra attendre l’émergence des groupes de féministes américaines comme le « Women Health Movement » dans les années 1980, puis le vote d’une loi en 1993 aux Etats Unis qui impose d’inclure des femmes et des personnes issues des minorités dans les essais cliniques. Ces réglementations, appliquées désormais à l’international, ont contribué à développer au niveau institutionnel les recherches sur la thématique « Femmes, genre et santé ». En Europe, il a fallu attendre quinze ans de plus. Des recommandations médicales spécifiques pour les femmes ont été publiées à partir de 2010, des groupes de réflexion se sont créés à l’Inserm et au CNRS.
Le sexe et le genre interagissent en permanence. Il n’est donc pas surprenant que les maladies s’expriment différemment, il faut donc tenir compte de ces deux aspects pour mieux soigner les femmes mais aussi les hommes.
L’exemple de l’endométriose
Maladie inflammatoire et chronique de l’appareil génital féminin, l’endométriose touche près de 2,5 millions de femmes en âge de procréer en France d’après les chiffres communiqués par le Ministère des Solidarités et de la Santé en 2021.
Caractérisée par des règles particulièrement douloureuses, des douleurs pendant les rapports sexuels, des douleurs pelviennes fréquentes pouvant irradier jusque dans la jambe, une défécation douloureuse ou bien encore des difficultés pour uriner, l’endométriose est le résultat du développement d’une muqueuse utérine (l’endomètre) en dehors de l’utérus, colonisant d’autres organes. La douleur est donc le symptôme majeur le plus explicite de l’endométriose. Précisons toutefois que toutes les femmes qui ont des douleurs lors de leurs règles ne souffrent pas d’endométriose. Si la douleur s’estompe suite à la prise d’un simple antalgique, alors il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Cependant, une douleur qui revient chaque mois, qui se fait de plus en plus intense d’un cycle à l’autre et qui n’est pas soulagée par la prise d’un anti spasmodique ou antalgique est à considérer comme préoccupante. Ces symptômes évocateurs nécessitent une consultation gynécologique afin de tenter d’en appréhender la cause et/ou l’origine.
L’endométriose est une maladie complexe et qui est encore trop méconnue du grand public. Ainsi, de nombreuses femmes ont souvent tendance à ne pas tenir compte de ces douleurs qui accompagnent les menstruations, car socialement considérées comme ‘’normales’’. De plus, l’endométriose est une maladie qui touche à l’intime, il est parfois difficile pour les femmes d’en parler que ce soit avec leurs spécialistes ou avec leurs proches, ce qui fait que ces dernières ont souvent tendance à consulter trop tard.
Parallèlement, la faible connaissance de l’endométriose par les médecins (qui peut notamment être expliquée par un manque d’investissement du champ de la recherche ainsi qu’une part d’intérêt médical relativement faible vis-à-vis de cette pathologie) peut fausser le diagnostic en orientant les patientes vers des examens exploratoires inadaptés aux problématiques qu’elles rencontrent. La question de l’endométriose n’étant pas systématiquement abordée lors des études de médecine, il est donc possible que les symptômes soient négligés car peu connus des praticiens.
Ce sont toutes ces raisons qui rendent long et difficile le diagnostic de l’endométriose qui peut prendre en moyenne entre 6 et 10 ans. Ces longues années représentent bien souvent une errance médicale qui s’accompagne de souffrances, de solitude et de doutes, représentant une véritable épreuve pour les femmes en attente de diagnostic, ce dernier étant souvent synonyme de libération.
L’endométriose est une maladie aux multiples caractéristiques, les spécialistes ont d’ailleurs bien souvent tendance à dire qu’il n’y’a pas une mais des endométrioses. Il n’existe pas de certitudes concernant l’endométriose si ce n’est qu’elle revêt différentes formes à différents endroits selon différentes proportions d’une femme à l’autre.
De ce fait, poursuivre et intensifier la recherche autour de la question de cette maladie gynécologique aux multiples conséquences incommodantes, est un enjeu majeur pour la santé des femmes et leur bien-être. La France a officiellement lancé en janvier 2022 une stratégie nationale de lutte contre cette pathologie féminine.
Une inégalité en matière de prise en charge adaptée lors de situations d’urgence : l’exemple de l’infarctus du myocarde
Il a été démontré que lors des situations dites « d’urgence », situations lors desquelles le pronostic vital de la personne est engagé, les interventions et le temps de prise en charge seront différents en fonction du sexe du patient. Par exemple, l’infarctus du myocarde encore trop souvent considéré à tort comme une maladie masculine. Si l’on tient compte de certains stéréotypes les hommes auraient d’avantage tendance à être exposé à une crise cardiaque. Cependant les habitudes de vie des femmes actuelles se rapprochent de plus en plus de celles des hommes, 26,5% des femmes françaises sont fumeuses contre 34,6% des hommes, 5,1% des femmes déclarent boire quotidiennement et 55,7% d’entre elles déclarent boire de l’alcool occasionnellement (moins d’une fois par semaine), les exposant donc autant aux risques d’infarctus que les hommes. Pourtant ces préjugés de « maladies d’homme » persistent dans l’imaginaire médical alors que l’infarctus du myocarde tue dix fois plus de femmes en Europe que le cancer du sein. Ces chiffres pouvant, entre autres, être expliqués à cause de la mauvaise prise en charge après un malaise comme l’a démontré l’étude réalisée en 2012 par le Centre de santé de l’Université McGill à Montréal.
A l’inverse, des maladies comme l’ostéoporose ont tendance à être sous diagnostiquées chez les hommes car considérées à tort comme une maladie féminine apparaissant avec la ménopause. Or, il est important de relever que près d’un tiers des fractures du col du fémur chez les hommes sont dues à l’ostéoporose, rendant ainsi le risque de fracture du col du fémur autant élevé chez les hommes que chez les femmes.
Afin d’appréhender le phénomène d’inégalités de genres et de sexe, il est donc nécessaire de prendre en considération ces biais de genres et les préjugés qui en découlent, mais il est également primordial de ne pas occulter l’importance du rôle qu’occupent les facteurs économiques et sociaux dans les inégalités de santé entre les sexes. C’est la combinaison de tous ces facteurs qui conduit inévitablement à des situations d’inégalité de santé et de discriminations entre les sexes dans l’accès aux soins et la prise en charge médicale.
Les professionnels de la santé ont aussi un rôle important à jouer dans la déconstruction de ces biais de genre
Sensibiliser les professionnels de santé à ces problématiques d’inégalités hommes/femmes, devient donc un impératif de santé publique afin de favoriser le développement de bonnes pratiques, voire de nouvelles pratiques, que ce soit dans le domaine de la recherche ou de la clinique.
Ainsi, il serait pertinent d’axer d’avantage la recherche sur ces inégalités de genres dans le but de venir les déconstruire. L’Organisation Mondiale de la Santé préconise d’ailleurs de développer la recherche sur les spécificités féminines des maladies, des traitements et de leurs potentiels effets secondaires, mais aussi de développer et de cibler la recherche sur les maladies des femmes. Il semble également plus que nécessaire d’améliorer la représentation de ces dernières dans le champ de la recherche biomédicale et de sensibiliser les professionnels de santé sur l’existence des biais de genres et les spécificités différentielles des maladies. L’ensemble de ces objectifs sont des enjeux importants afin de promouvoir un accès aux soins identique et de qualité pour tous et ce indépendamment du sexe. Cette démarche s’inscrivant ainsi dans une réflexion éthique et déontologique.
Ce qu’il faut retenir :
Les différences génétiques, hormonales et comportementales entre hommes et femmes influent sur leur santé.
Les symptômes, la fréquence et la gravité des maladies peuvent varier fortement d’un sexe à l’autre.
La standardisation de la recherche et de la médecine sur le corps masculin et les stéréotypes de genre nuisent au bon diagnostic et à la prise en charge des femmes et aussi des hommes
Les différences de genre en santé et leurs conséquences commencent tout juste à être reconnues.
Une prise de conscience impulsée par des femmes scientifiques, des femmes médecins et des patientes.
En savoir plus :
Genre et santé : attention aux clichés : Une série de 6 vidéos de 1 min réalisée par l’Inserm / Genre et Santé : attention aux clichés ! ⋅ Inserm, La science pour la santé
Genre et santé, attention aux clichés ! Cerveau : https://youtu.be/Cgu6l_C7LsU
Genre et santé, attention aux clichés ! Dépression : https://youtu.be/jsnmf36An0Q
Genre et santé, attention aux clichés ! Ostéoporose : https://youtu.be/eH-aK6C_xlM
Genre et santé, attention aux clichés ! Durée de vie : https://youtu.be/vS6AQO3LoOE
Genre et santé, attention aux clichés ! Maladies cardiovasculaires : https://youtu.be/jW3qH2ZwWHo
Genre et santé, attention aux clichés ! Douleurs : https://youtu.be/jI1PTPftWDg